6e dimanche de Pâques, année A
Nous sommes bien avancés dans le temps pascal, nous nous rapprochons de la fête de la Pentecôte et il est un peu plus question de l’Esprit-Saint dans les textes d’aujourd’hui. Jésus l’appelle l’Esprit de Vérité, ou le Défenseur. Jésus rassure ses amis au moment de son passage vers son Père : « Je ne vous laisserai pas orphelins » leur dit-il. Il leur promet, il nous promet, un Défenseur. Nous ne croyons pas en un Dieu qui attaque mais qui défend, qui défend en particulier les plus petits.
Les plus petits, nous les découvrons en Samarie, qui est évangélisée dès les premiers temps de l’Eglise par le diacre Philippe. Il est lui-même sous la mouvance de l’Esprit et la Samarie, qui pourtant avait mauvaise réputation, accueille avec joie le message sur le Christ que dévoile Philippe. La Samarie était l’ennemie héréditaire de la Judée et de la Galilée, pourtant la population est la même. Il y a la même soif de Dieu et les mêmes pauvretés. Jésus a guéri beaucoup d’infirmes sur les chemins de Galilée et de Judée, et ces infirmes, ces paralysés, ces possédés, ce sont eux qui sont présentés à Philippe qui les guérit. Des pays encore aujourd’hui se font la guerre, c’est pourtant partout la même pâte humaine de part et d’autre des frontières.
Et l’Eglise, qui en est au tout début de sa mission à travers Philippe, est à la fois dans l’annonce du Christ et dans le bien qu’elle fait en son nom. La présence de l’Eglise est renforcée par l’arrivée de Pierre et Jean qui imposent les mains sur les nouveaux convertis samaritains et leur communiquent l’Esprit-Saint. L’Esprit qui est le Défenseur, l’Esprit de Vérité dont parlait Jésus, celui qui fait du bien et écarte le mal, celui qui révèle le Dieu d’amour auquel nous croyons. Et c’est bien de l’amour que parle Jésus en évoquant sa relation avec son Père et avec nous. Et c’est de l’amour qu’ont ressenti les Samaritains à travers Philippe, Pierre et Jean. Ils ont senti qu’ils étaient aimés de façon fraternel et non pas rejetés ou méprisés.
On peut admirer l’enthousiasme de Philippe, et nous pouvons nous demander quelles sont les Samarie d’aujourd’hui qui ont besoin de missionnaires. Les endroits qui nous font peur, qui n’ont pas très bonne réputation. Est-ce que ce sont les cités-ghettos ? Les squats ou les campements de gitans ? L’évangile et les Actes des Apôtres nous aident à ne pas raisonner de façon géographique, mais à nous demander où sont les souffrances, où sont les pauvretés qui ont besoin d’être rejointes, d’être écoutées, d’être guéries. L’Esprit qui est notre Défenseur, nous conduit là où des personnes, nos frères et sœurs en humanité, ont besoin d’être défendues, secourues. Et nous aurons sûrement de belles surprises. Nous ferons des rencontres de personnes chez qui l’Esprit-Saint nous précède, où le Christ a déjà travaillé les cœurs.
Le récit des Actes des Apôtres est plein de nouveautés parce que l’Eglise s’invente, elle est en train de naître. Philippe est un diacre, et c’est une nouveauté. Dans le temps que nous traversons, le monde doit se réinventer mais l’Eglise aussi. Elle doit vivre encore plus sa dimension diaconale de service de l’autre. Elle doit aller vers les lieux de pauvreté non pas de façon condescendante mais fraternelle en témoignant du Christ qui a donné sa vie pour sauver tous les hommes, qui est le Défenseur de l’humanité.
P. Jean-Christophe Cabanis
Ac 8, 5-8.14-17 ; Ps 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20 ; 1 P 3, 15-18 ; Jn 14, 15-21