Epiphanie, année B
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Dans cet évangile que nous retrouvons chaque année avec joie, nous voyons que les mages vivent une très belle expérience. Ils vont au bout de leur science en faisant le déplacement, en suivant le chemin que leur indique l’étoile, eux qui sont des astronomes. Leur chemin comprend un obstacle qui est le passage par Jérusalem. C’est le lieu du pouvoir et de la connaissance des Ecritures. Pourtant, ni le roi ni les scribes ne veulent participer à l’expérience. Ils vont rester sur leurs places fortes après avoir donné les bonnes indications. Ils ne connaissent pas la joie qui est celle des mages lorsqu’ils retrouvent l’étoile. Ils ne connaissent que le goût du pouvoir et la peur de le perdre.
Les mages se prosternent devant celui qu’ils appellent le roi des Juifs et lui offrent ce qu’ils ont de plus précieux. Ensuite, ils repartiront par un autre chemin en évitant le piège d’Hérode. Oui, c’est une belle expérience qu’ils vivent. Ils sont plusieurs et mettent leurs efforts en commun. Ils viennent de loin et des naissances, ils en ont pourtant dans leur pays. Mais celle-ci, ils savent qu’elle est particulière. Jésus est bien venu pour tous les hommes et les mages sont les ambassadeurs de l’humanité venus pour accueillir celui qui vient pour être le roi, pas seulement des Juifs mais de tous les hommes, le roi du Royaume des Cieux.
Cela nous parle pour notre foi, et nous interroge. Est-ce que notre foi nous fait vivre des expériences aussi belles ? Est-ce que nous allons au bout de notre recherche, de notre quête spirituelle ? Quelles sont les étoiles qui nous donnent des signes et qui nous guident ? Est-ce que notre chemin de foi nous remplit de joie ? Est-ce que la lecture des Ecritures, de la Parole de Dieu, nous met en chemin ou nous installe dans une vie sans trop de risque ?
Jésus est né dans une crèche et les mages lui offrent leurs richesses. Avons-nous l’occasion de nous déplacer vers des lieux de pauvreté ? Qu’avons-nous à offrir du meilleur de nous-mêmes, qui ne soit pas que de l’ordre matériel ? Les mages ont offert leurs présents mais ils ont plus reçu de l’expérience et de la rencontre que ce qu’ils ont donné. Ils ont fait une rencontre qui va transformer, illuminer leur vie.
Pourtant, cette rencontre est silencieuse. Il y avait beaucoup de paroles et d’émoi à Jérusalem, mais à la crèche, celui qui est pourtant la Parole de Dieu, le Verbe fait chair, est silencieux, il ne sait pas encore parler, sans doute crie-t-il parfois, comme un nouveau-né. Marie est aussi silencieuse et Joseph encore plus, très discret. Notre foi passe aussi par le silence de la contemplation. Les paroles sont nécessaires, la Parole de Dieu est notre nourriture, mais la méditation silencieuse est aussi importante pour prendre la mesure de ce si grand mystère d’amour d’un Dieu qui se fait homme, qui se manifeste à nous à travers un enfant. C’est cela l’Epiphanie.
Et puis, l’Epiphanie est une fête universelle. Les mages représentent toute l’humanité, toutes les religions, et même ceux qui ne croient pas en Dieu mais qui sont quand même en quête de sens et de transcendance. Est-ce que notre foi nous ouvre bien à l’universel ? Savons-nous découvrir les richesses de ceux qui viennent d’autres cultures, d’autres religions ?
L’année 2021 s’ouvre devant nous. Nous avons beaucoup d’expériences à vivre. Dieu se fait homme en Jésus dans des lieux insoupçonnés, des lieux de pauvreté matérielle mais de grande richesse d’amour. Vivons ces expériences qui nous déplacent et nous remplissent de joie. Et sachons nous mettre en chemin avec d’autres, comme les mages.
P. Jean-Christophe Cabanis