Rm 11, 33-36 Quelle profondeur … Dieu !
Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. A lui la gloire pour l'éternité ! Amen.
Cet hymne de l'apôtre Paul traduit son admiration affectueuse envers le Seigneur, une sorte de vertige d'amour devant le mystère. Ces mots profondeur…insondables… impénétrables ne traduisent pas l'impossibilité d'accéder à Dieu, mais ils disent le mystère de Dieu comme étant une source de plénitude où il y aura toujours à puiser, une vie où il y aura toujours à partager.
Je peux légitimement lire et prier ce texte sans chercher à le relier au contexte de l’épître. Je peux en faire le canevas d'une belle prière de contemplation du Seigneur, de l'insondable réalité de ce qu'il est. Je peux chercher dans la création matérielle et humaine des signes de ce mystère de Dieu tel que l'apôtre le présente. Je peux aussi faire cette contemplation en repérant les signes de Dieu dans ma vie, autour de moi. Oui, dans le monde, dans l'Eglise, dans ma paroisse, en moi, je rends grâce au Seigneur, pour tout ce qui est de lui, et par lui, et pour lui. Je peux aussi chercher les traces du péché en tout ce qui n'est pas de lui, et par lui et pour lui et présenter tout cela à sa miséricorde qui est insondable.
Mais ce texte a un contexte biblique : il est la conclusion de la seconde lecture des deux dimanches précédents sur la foi et l'espérance de Paul dans la destinée de son peuple juif. Le peuple choisi par Dieu, le peuple de l'Alliance, n'a pas dans sa quasi totalité adhéré au message de Jésus. Et c'est une grande souffrance et des questions pour Paul. Dieu aurait-il rejeté son peuple élu ? La réponse a jailli dans la méditation de Paul : ce n'est pas possible, car les dons de Dieu et son appel sont irrévocables, lisions-nous dimanche dernier. L'ensemble du peuple juif entrera un jour dans l'Alliance Nouvelle en Jésus-Christ, pour Paul c'est une certitude, ce n'est pas seulement un rêve. Paul ne sait pas comment cela se fera, mais il le sait, de par sa prière, de par sa réflexion, et aussi de par l'Esprit-Saint qui assiste tous les auteurs des écrits bibliques. D'où cet élan d'admiration de Paul : Quel profondeur...
Il serait intéressant que je lise dans ma bible les versets non cités (entre crochets) de dimanche dernier (versets 16 à 24), où il utilise une sorte de parabole : les deux oliviers. Le non-juif, olivier sauvage (donc moi) a été greffé sur un olivier cultivé, un olivier franc (autre traduction), le juif. Toi, non-juif, dit Paul, ce n’est pas toi qui portes la racine, c’est la racine qui te porte. Il est bon de méditer à nouveau les paroles de trois papes. Pie XI, en 1938, face au nazisme : Par le Christ et dans le Christ … nous sommes spirituellement des sémites. Jean-Paul II : les Juifs sont nos frères aînés dans la foi. Pape François : Les chrétiens, tous les chrétiens, ont des racines juives. Paul exprime tout cela dans son admirable prière. Il cite y même deux textes de l'Ancien Testament (Isaïe et Job) : la pensée du Seigneur sur le destin de son peuple choisi ?
Ma prière peut se relier aux autres textes de la messe de ce dimanche. Dans l'Evangile, Jésus dit aux apôtres, aux juifs religieux, à moi : Pour vous, qui suis-je ? Oui, pour moi, qui est Jésus ? Dans la première lecture d'Isaïe, je peux voir dans le serviteur appelé par Dieu une figure de ce que sera Jésus, pour les juifs et pour les non-juifs (les païens) que nous sommes. Dans le psaume, je chante : Seigneur, éternel est ton amour, pour le peuple juif, pour l'Eglise, pour l'humanité, pour moi.
Paul C.

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