10 Août 2017
Ce texte est le début, dans la lettre de Paul aux chrétiens de Rome, de trois chapitres que l'on pourrait intituler "le Salut d'Israël". La liturgie des dimanches ne va nous en proposer que des extraits. Dieu n'a pas rejeté son peuple, sa Parole dans toutes les Ecritures concernant le peuple juif est toujours d'actualité : Israël est toujours peuple élu. Et pour l'affirmer, Paul jure, en quelque sorte, solennellement dans l'Esprit Saint.
Puis il exprime très fortement sa grande tristesse, sa douleur incessante, de voir que beaucoup de juifs n'ont pas reconnu le Christ. Il parle avec ses tripes. C'est du sentiment, de la tendresse pure. La réflexion théologique viendra dans la suite de l'épître, difficile parfois à comprendre, car rédigée en termes de l'exégèse rabbinique de son temps. Les lignes écrites par Paul seront à la base du texte du concile Vatican II sur les relations renouvelées entre le Judaïsme et l'Eglise.
Dans les premières communautés chrétiennes de son temps, à Jérusalem et dans le bassin méditerranéen, Paul côtoie des juifs convertis à Jésus Christ. Mais il affronte aussi beaucoup de juifs qui pensent que ce serait trahir leur foi ancestrale que d'adhérer à Jésus. Et ces rencontres sont souvent très douloureuses et parfois violentes. Il a vécu cette situation avant sa conversion dans les alentours de Damas, étant lui-même ancien persécuteur des traîtres chrétiens.
Et moi, quelle est ma douleur, aujourd'hui, devant la situation du peuple juif ? Bien sûr, je vais penser à la situation politique de la Palestine. Quelles sont à ce sujet mes sources de renseignement et de réflexion ? Paul, lui, a la situation religieuse en tête, pas la question politique de la présence étrangère romaine sur le sol juif. Et moi ? Je mélange tout, le religieux et le politique ? Paul a un grand respect et une grande affection envers sa foi juive. Et moi ? Est-ce que je ne suis pas parfois victime des vieilles rengaines sur le peuple juif "déicide", tueur de Dieu, qui ont fait tant de mal durant des siècles ? Quelle est ma prière ?
Paul cite sept valeurs du peuple juif, et elles ne sont pas moindres : l’adoption, la gloire, les alliances, la Loi, le culte, les promesses de Dieu, les patriarches. Sept, comme un chiffre symbolique de perfection, de plénitude. Et une huitième valeur : le Christ est juif, donc toujours héritier de la Promesse et de l'Alliance. Dans la suite du texte d'aujourd'hui, Paul ne semblera pas souhaiter la "conversion" du peuple juif au christianisme. Mais il affirmera que quelque chose se produira un jour, dont il ignore la nature, mais dont il a une certitude d'espérance. Sa prière aujourd'hui, et la mienne, pourrait s'exprimer avec les mots du missel actuel du Vendredi-Saint : Prions pour les Juifs à qui Dieu a parlé en premier : qu’ils progressent dans l’amour de son Nom et la fidélité de son Alliance. L’exaucement de cette demande et sa manière sont entre les mains de Dieu.
Quelques mots simples de papes que je peux méditer. Pie XI, en 1938, face au nazisme : Par le Christ et dans le Christ … nous sommes spirituellement des sémites. Jean-Paul II : les Juifs sont nos frères aînés dans la foi. Pape François : Les chrétiens, tous les chrétiens, ont des racines juives.
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